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Capitaine Paul Watson, de Sea Shepherd : Protecteur de baleines, pirate bienveillant et humanitaire

La plus grande marine privée de la planète appartient à un organisme sans but lucratif qui se consacre à la protection de la vie marine dans le monde entier. Sous la direction du capitaine Paul Watson, la Sea Shepherd Conservation Society intervient pour mettre fin à la chasse baleinière et pour protéger des espèces en voie de disparition. Il joue également un rôle humanitaire en déployant des navires afin de réagir à diverses catastrophes. Nous avons parlé avec le capitaine Watson du courage et de la compassion qu’il faut pour assurer la protection d’autrui.

Magazine Parvati : À la suite du passage de l’ouragan Dorian, Sea Shepherd a secouru des gens et des animaux vivant aux Bahamas dans le cadre de l’initiative « Good Pirates of the Caribbean ». Comment les Bahamiens ont-ils réagi? Selon vous, en quoi cela entretient-il un lien avec votre travail de protection de la vie marine?

Capitaine Paul Watson : Nous avons lancé l’initiative « Good Pirates of the Caribbean » après le passage de l’ouragan Maria, lors de missions d’aide en Dominique et à Antigua. Les gens nous étaient très reconnaissants de notre intervention. À l’arrivée de Dorian, nous étions prêts. Les lourdeurs administratives des Bahamas, qui ont retardé de quelque 48 heures la livraison des approvisionnements de secours, ont été la seule difficulté que nous avons rencontrée. Puisque nous nous attendons à ce qu’il y ait des ouragans en plus grand nombre et encore plus violents dans les Caraïbes, il s’agit d’un projet continu.

MAGP : Sea Shepherd a fait part de son intention d’établir un partenariat avec les Bahamas dans le domaine de la conservation marine. Quel est votre calendrier et qu’espérez-vous accomplir?

PW : Nous avons établi des partenariats avec de nombreux pays d’Afrique. Depuis trois ans, nous travaillons avec le Libéria, Sao Tomé, le Cabo Verde, la Tanzanie, le Gabon, le Bénin et la Namibie. Nous nous efforçons aussi de conclure plus de partenariats pour mettre fin au braconnage dans leurs eaux. Jusqu’à présent, nous avons arrêté 34 navires de braconniers. Plus important encore, nos activités sont dissuasives pour les autres braconniers et parviennent à les garder loin de cette zone. Nous avons également noué des partenariats avec le Pérou, l’Équateur et le Costa Rica pour que cesse le braconnage dans leurs eaux, ainsi qu’avec le gouvernement du Mexique dans le but de protéger le marsouin de Californie, une espèce en voie de disparition dans la mer de Cortez.

Ces partenariats fonctionnent très bien parce que nous pouvons fournir des ressources, alors que les gouvernements utilisent leur autorité. Ce que nous constatons, c’est que ces partenariats sont de plus en plus efficaces pour contenir les opérations de pêche non réglementées, non déclarées et illégales.

MAGP : Sea Shepherd a connu un énorme succès en sauvant plus de 6 500 baleines de navires de chasse dans le sanctuaire baleinier de l’océan austral d’Antarctique sur une période de 12 ans. Considérez-vous le MAPS (Marine Arctic Peace Sanctuary, Sanctuaire marin de paix dans l’Arctique) comme un moyen de protéger les baleines dans le Nord?

PW : Il est avisé de déclarer un sanctuaire de paix dans l’Arctique. Cela freine de nombreuses initiatives économiques dans le cadre desquelles des gens se convainquent qu’ils peuvent y exploiter diverses ressources.

MAGP : Vous avez un jeune fils. Quels sont vos espoirs et vos rêves en ce qui concerne la santé de nos océans pour sa génération et les suivantes?

PW : Je suis toujours optimiste. En 1973, je travaillais comme médecin pour le Mouvement indien américain. Nous étions entourés, complètement surpassés en nombre. Nous n’avions aucun espoir de l’emporter. Je suis allé voir le militant amérindien Russell Means et je lui ai demandé : « Qu’est-ce que nous faisions là? Nous ne pouvons pas gagner ». Il m’a dit quelque chose que je me rappellerai jusqu’à la fin de mes jours : « Écoute, nous ne nous inquiétons pas de ce qui joue contre nous et nous ne nous soucions pas de gagner ou de perdre. Nous sommes ici parce que c’est l’endroit où nous devons être, parce que c’est le bon moment et parce que c’est la bonne chose à faire. »

Je n’ai jamais oublié ses mots. Nous faisons ce que nous faisons parce que c’est la bonne chose à faire. Aussi, je ne m’inquiète jamais du résultat. Le présent s’occupera de l’avenir.

Je m’inquiète du genre d’avenir qui attend mon fils. Toutefois, je vais lui montrer comment survivre dans ce genre de monde.

MAGP : Les émissions « At the Edge of the World » et « Whale Wars » ont rejoint des publics de partout au monde en leur transmettant le message de Sea Shepherd sur l’importance de la conservation marine. Que pouvons-nous attendre de « Watson », un documentaire récemment publié qui traite de votre vie?

PW : Je crois que ce film pousse les gens à comprendre que nous pouvons tous changer les choses. Tout ce que vous devez faire, c’est vous armer de courage, faire preuve d’imagination et de passion, puis vous lancer.